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Ecrire à tout prix...

Pour qui aime écrire, quoi de plus intéressant qu'un auteur qui parle de son écriture ?

A la question pourquoi écrire ?

on peut répondre de maintes façon : passion, vocation, défi, prétention déplacée, désœuvrement, pari raté. Soit, mais les avis éclairés vous confirmeront que l'envie d'écrire, c'est comme pour les grands choix de l'existence, c'est une question qu'on résout de soi-même. 

Bref, pourquoi écrire ?

A vous de le dire.

Et comment écrire ?

Cette autre question, tout aussi terrible, récolte à elle seule une infinité de recettes. Est-ce vraiment rassurant ?

Pour l'idée, certains vous diront de la chercher en vous, dans vos passions, d'autres vous diront de vous évader et de trouver quelque chose de neuf. Là encore, ne les écoutez pas. Vous avez une idée ou pas d'idée, et ainsi vous écrirez ou vous n'écrirez pas.

Pour la motivation, pour l'effort, d'aucuns vous parleront de vous trouver un lieu que vous aimez, de vous fixer des horaires, parfois de suivre un rituel quasi-ésotérique et immuable afin de vous mettre à la tâche. Effectivement, accepter de se fossiliser devant une feuille de papier ou un écran d'ordinateur jusqu'à accoucher péniblement de quelques lignes originales peut en décourager plus d'un. Mais là aussi, franchement, soit vous avez envie d'écrire et vous y arriverez, soit vous n'y tenez pas vraiment.

Pour le style, le génie de l'intrigue, les sentiments, tout ça, c'est encore et toujours la même chose. Réfléchissez à l'avance, lancez-vous, créez, ayez confiance en vos moyens ou claquez la porte.

Car c'est vous qui écrivez, il n'y a pas d'école à suivre. Ensuite, si vous êtes vous-même un vrai lecteur, si vous avez du talent, de l'imagination, de la volonté et de la persévérance, on y arrivere toujours.

Moi, j'écris d'abord pour moi. Tous les auteures vous le diront, on est tous égocentrique et l’intérêt d’écrire c'est d’être lu et par le plus grand nombre si possible.

Alors arrêtons la langue de bois.

Pendant de nombreuses années écrire a été vital pour mon équilibre. Aujourd'hui , j'aime toujours cela, mais d'autres passions sont nées.

J'écris particulièrement des nouvelles noires et angoissantes. Ce que j'aime, c'est retranscrire les émotions et rendre les descriptifs intéressants.

Être un bon écrivain , c'est aussi être un bon lecteur, l'un ne va pas sans l'autre.

J'adore lire, pénétrer dans des univers incroyables et vivre une histoire. Alors j'espère secrètement devenir un bon auteur.

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Ecrire une histoire s'est simple. En voici une qui n'est pas de moi, mais que j'aime particulièrement.

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Une histoire pour effrayer mon fils

"Fiston, nous devons avoir une discussion à propos d'internet"

C'est ce que j'ai dit à mon fils alors qu'il était sur son ordinateur. Il était en train de jouer a Minecraft, sur un serveur public. Il était absorbé par le jeu, les yeux rivés sur son écran. On pouvait voir des lignes de conversations défiler sur le canal de discussion.

"Fiston, peux-tu arrêter ton jeu quelques minutes ?"


Pour une fois, il a accepté de quitter le jeu et d'éteindre l'ordinateur. Il m'a demandé si j'allais encore lui raconter une de mes "histoires ringardes". J'ai fait semblant d'avoir le cœur brisé en lui faisant remarquer que d'habitude, il avait l'air de les aimer, mes histoires ringardes.

Il avait grandi en écoutant mes histoires, qui parlaient d'enfants rencontrant des sorcières, des fantômes, des loups-garous, des trolls... Comme beaucoup de parents, j'ai utilisé ces contes pour, en quelque sorte, apprendre la prudence à mon fils. Les pères célibataires comme moi se doivent d'user de tous les outils mis à notre disposition pour l'éducation des enfants.

Il m'a gentiment dit que ça lui plaisait quand il avait six ans, mais que maintenant qu'il avait grandi, ça ne lui faisait plus peur et qu'il trouvait même ça un peu stupide. Il a ajouté qu'il voulait bien en écouter une quand même sur internet, mais seulement si je la rendais vraiment très effrayante.

J'ai un peu hésité, mais il m'a rappelé qu'il avait 10 ans et qu'il n'était pas un froussard, alors j'ai dit que j'allais essayer.

On est descendus dans le salon, et j'ai commencé à raconter l'histoire.

"Il était une fois, un garçon nommé Colby..."

On pouvait voir la déception sur son visage. Il avait l'air de se dire "encore une histoire pour gamins de papa".


Colby s’était connecté à internet et avait navigué sur plusieurs sites pour enfants. Au bout d'un moment, il avait commencé à parler à d'autres enfants, via des jeux online, ou sur des forums. Il s’était lié d'amitié avec un autre garçon de 10 ans, nommé Helper23. Ils aimaient les même jeux vidéo et les mêmes séries. Ils rigolaient aux blagues de l'un et l'autre. Ils découvraient de nouveaux jeux ensemble.

Après plusieurs mois d'amitié, Colby avait offert 6 diamants dans le jeu sur lequel ils jouaient alors. C’était un cadeau très généreux. L’anniversaire de Colby s'approchait à grands pas, et Helper23 voulait lui offrir un super cadeau dans la vraie vie. Colby avait pensé que ce ne serait pas grave s'il donnait son adresse à Helper23, à condition qu'il promette de ne pas la divulguer à des étrangers, ou à des adultes. Helper23 avait juré de ne rien dire, même pas à ses propres parents, et avait posté le colis.


J'ai interrompu mon récit pour demander à mon fils s'il pensait que c'était une bonne idée que l'enfant donne son adresse à Helper23. Il a dit que non. Malgré lui, il avait fini par se laisser emporter par l'histoire.


Eh bien, Colby ne trouvait pas l'idée bonne non plus. Il se sentait coupable d'avoir donné son adresse, et sa culpabilité ne faisait qu'augmenter, de plus en plus. Alors qu'il enfilait son pyjama la nuit suivante, sa culpabilité et sa peur étaient telles qu'il n'avait jamais ressenti quelque chose d'aussi fort auparavant. Il s’était convaincu d'avouer la vérité à ses parents. La punition serait dure, mais au moins il aurait la conscience tranquille. Il s’est glissé dans son lit, en attendant que ses parents viennent lui souhaiter bonne nuit.


Mon fils savait que la partie effrayante allait venir. Malgré ce qu'il avait dit avant, il était quand même un peu angoissé, et agrippait fermement mon bras.

Colby entendait le moindre bruit de sa maison. La machine à laver qui tambourinait dans la pièce d'à côté, les branches d'arbres qui frappaient les vitres, son petit frère qui dormait dans la chambre voisine. Et d'autres bruits... qu'il ne pouvait pas identifier. Puis les bruis de pas de son père qui s'approchait de la porte de sa chambre.


"Papa ?" avait-il dit nerveusement. "J'ai quelque chose à te dire."


Son père a alors passé la tête dans l’entrebâillement de la porte, mais l'angle de celle-ci était bizarre. Dans l'ombre, il semblait que sa bouche ne bougeait pas et que ses yeux n’étaient pas normaux.


"Oui, fiston ?"


La voix n’était pas normale non plus.


"Tout va bien, papa ?" a demandé Colby


"Oui, oui" a répondu le père, toujours avec cette voix bizarre. Colby s'est enfoncé dans les couvertures, inquiet.


"Hum... Maman est là ?"


"Me voilà !" La tête de sa mère a émergé en dessous de celle de son père. Sa voix semblait fausse, forcée.
.
"Allais-tu nous dire que tu as donné notre adresse à Helper23 ? Tu n'aurais pas dû faire ça ! Nous t'avons toujours dit de ne pas révéler tes données personnelles sur internet !"

Elle a continué.

"Ce n’était pas un enfant ! Il faisait juste semblant d'en être un. Tu sais ce qu'il a fait ? Il est venu chez nous, a pénétré a l’intérieur, puis nous a assassinés, tous les deux ! Juste pour passer un bon moment avec toi !"

Un homme a alors émergé de derrière la porte de sa chambre, tenant dans ses mains deux têtes tranchées. Colby hurlait et haletait, tandis que l'homme laissait tomber les têtes sur le sol, dégainant un large couteau. Il est entré dans la chambre, et s'est dirigé vers le garçon.

Mon fils avait hurlé également. Il se protégeait les yeux avec ses mains. Mais l'histoire ne faisait que commencer.

Après plusieurs heures, le garçon était quasiment mort, et ses cris s’étaient transformés en pleurs. Le tueur avait alors remarqué les lamentations d'un bébé venant de la chambre voisine. C’était un régal pour lui, lui qui n'avait jamais encore assassiné un bébé, et était alors enthousiaste à cette idée. Helper23 a retiré le couteau du ventre de Colby le laissant à l'agonie, avant de suivre les cris dans la maison, comme un appel des sirènes.

Dans la chambre du bébé, il s'est approché du landau, et a pris le nourrisson dans ses bras. Il s'est dirigé vers la lumière pour mieux le voir. Alors qu'il le tenait dans ses bras, les pleurs du bébé se sont arrêtés. Il souriait. Helper23 n'avait jamais encore tenu un bébé dans ses bras, mais il le berçait comme s'il avait fait ça toute sa vie. Il a essuyé ses mains ensanglantées sur une couverture, afin qu'il puisse caresser la joue du bambin.

"Hé, coucou toi !"

La lueur de sadisme dans son regard s’était éteinte, laissant place à un regard bienveillant et chaleureux. Il est sorti de la chambre, l'a nommé William et a décidé de le ramener chez lui pour l'élever comme son propre enfant.

Une fois mon histoire finie, mon fils était visiblement troublé. Entre deux respirations saccadées, il a balbutié : "mais papa... Je m'appelle William aussi !".

Je lui ai fait un clin d’œil complice, tout en caressant ses cheveux.

"Je le sais bien, fiston."

William est remonté dans sa chambre en courant, et en pleurant toutes les larmes de son corps.
Mais au fond... Je pense qu'il a aimé l'histoire.

C'est une femme qui emménage dans une vieille maison avec ses deux filles. Une de cinq ans environ, et une autre de quelques mois.
La femme décide de faire l'état des lieux, mais avant, elle couche le bébé dans un lit à barreaux, et laisse des jouets à la plus grande, près de la petite.
Puis la mère monte dans le grenier.
Elle range un peu le bordel, et nettoie.
Elle regarde ensuite la maison d'en face par la petite fenêtre. Son nouveau voisin lui fait un grand signe de la main pour la saluer. Mais il est bizarre. Il a un visage impassible, et il penche la tête sur le côté.
Elle soupire, et se dit qu'il doit juste être de mauvaise humeur.
Elle détourne l'attention, et d'un coup, elle entend hurler.
Le bébé pleure. Puis tout à coup, plus rien. Plus aucun sanglot.
Elle descend les escaliers à toute vitesse, et s'approche du lit à barreaux. La plus grande, qui était partie plus loin, revient en courant.
Le bébé a la tête coincé entre les barreaux, et est égorgé.

La mère appelle les policiers, qui ouvrent une enquête.
Des mois plus tard, la femme décide qu'elle ne doit pas autant se laisser abattre, et que comme elle ne peut pas habiter ailleurs, elle doit rester ici, et continuer à ranger pour s'occuper l'esprit.
Elle retourne dans le grenier.
Elle recommence à ranger, et un mouvement attire son attention.
A la fenêtre d'en face, le voisin la saluai. Il y avait quelque chose de rouge sur sa main, et un sourire de sadique. Du sang...
Elle détourna un moment l'attention, pour chercher une arme au cas-où. Rien.
Elle se figea, puis entendis gueuler :
- MAMAN !! MAM....
Plus rien.
"Oh non pas encore !"
Elle descendit les marches quatre à quatre. Elle arriva dans le salon, et vit sa fille poignardée, dans une mare de sang.

Les flics reviennent, et sont de plus en plus inquiets.
- Vos deux filles qui meurent en l'espace de trois mois. Quelqu'un en a après vous. Vous avez beaucoup d'ennemis ?
- Non aucun...
- Mais que faisiez-vous pendant ce temps-là ?
- Je rangeai mon grenier, et je regardai par la fenêtre...
Le flic se raidit.
- Nous connaissons bien cette maison, dit-il. Et je vous assure qu'il n'y a jamais eu de grenier et qu'il n'y a pas de fenêtre non plus. Alors ou étiez vous ?

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