
Extrait de BONNE ANNEE ET BONNE SANTE !
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Note de l'auteur
Mon dernier projet en cours de réalisation. J'ai eu une vie compliquée et il m'a fallu mener un certain nombre de combat. Ces obstacles ont failli me détruire, pourtant je suis encore la et bien la. Je vais vous raconter mon histoire avec ses joies et ses peines, car il y a toujours du positif. Cela s'appelle : l'espoir.
Très bientôt ici, je vous mettrai le deux premiers chapitres de mon témoignage.
J’ai décidé de raconter mon histoire sous ma véritable identité, car je ne veux plus me cacher. Après tout, je n’ai rien fait de mal. Mais pour des raisons parfaitement compréhensibles de protection vis-à-vis de mes enfants et des personnes qui me sont proches, j’ai changé certaines identités de mon récit, cela n’altère en rien la compréhension de mon témoignage et sa véracité.
Par contre, j’ai parfaitement conscience que les révélations que je vais faire dans les pages de ce livre, vont en étonner, voir choquer plus d’un. Ma famille, mes ami(e)s, mes collègues, mes voisins, peu de personnes sont au courant de mon état de santé. Alors j’espère qu’on ne me tournera pas le dos, car je suis et je reste la même femme, celle que l’on connaît ; Dans le cas contraire, je respecterai leur choix et resterai désolée de leur décision. De tout temps, les gens ont eu peur de ce qu’ils ne connaissent pas et ils préfèrent fuir que d’essayer de comprendre.
Je souhaite de tout cœur que les mentalités aient changé, le sida est transmissible, pas contagieux. Vous ne risquez rien en ma compagnie.
Je relate ici les faits qui me sont arrivés sans artifice. J’expose ici ma vérité qui risque de froisser les protagonistes de mon histoire, car après tout chacun a Sa vérité. Il est notoire que face à un événement et 10 témoins, aucune version n’est identique. Ce que je veux dire, c’est que ce n’est pas l’« action » qui est importante, mais comment elle est « perçue ». Il n’y a là aucune vengeance de ma part, aucune animosité, mais la volonté d’écrire cette histoire pour exorciser mes démons et ainsi passer à autre chose.
Bonne lecture.
C. G.
SOMMAIRE
PROLOGUE
1 - Mon enfance
2 – Mes vingt ans
3 - J’ai fait une E.M.I.
4 -Je suis alcoolique
5 - Mickaël
6 - La contamination
7 - Historique de la maladie
8 – Séparation
9 - Protocole de tests
10 - Médecin du travail
11 - Licenciement
12 - Brian
13 - Annonce
14 -Sevrage
15 – Ecriture/dessin Thérapie
16 - Mariage
17 - Suivi à l’hôpital
18- Décision difficile
19 - Premier enfant
20 - Accident
21 - Deuxième enfant
22 - Sida déclaré
23 - Groupe de parole
24 - Trithérapie
25 - Première séparation
26 - Réorientation professionnelle
27 - Cancer
28 - Deuxième séparation
29 - Soins palliatifs
30 - Déménagement
31 - Indétectable
32 - Troisième séparation
33 - Minuit
34 - Divorce
35 - Reconstruction
36 - David
37 - Vie commune
38 - Nouvelle vie
39 -Je ne me cacherai plus
40 - Espoir
ÉPILOGUE
PROLOGUE
La maison est endormie. Le jour se lève à peine, je réfléchis seule en ce début de dimanche matin. Hier, je fêtais les 30 ans de ma belle-fille, on a bien mangé, il a fait chaud et j’ai bu beaucoup de soda. Vous savez celui de couleur foncée avec des bulles. Du café aussi. C’était joyeux et bon enfant, on s’est amusé et on s’est couché vers 4h du matin.
Je dormais sur le ventre en étoile de mer, lorsque le trop-plein de liquide que j’ai ingurgité la veille est remonté. Réveillée en sursaut, j’ai ravalé instinctivement, mais j’ai fait une « fausse route » comme disent les médecins. C'est-à-dire que le reflux est passé par les voies respiratoires au lieu de passer par l’œsophage. C’est un événement qui peut avoir de graves conséquences. La victime peut alors s'étouffer. L'apnée forcée va entraîner plusieurs symptômes qui peuvent se traduire par une perte de connaissance et la mort peut survenir en quelques minutes.
J’ai toussé, j’ai craché, j’ai cherché ma respiration avec des bruits de gorge désespérés. Cela a duré une à deux minutes, pourtant j’ai eu le sentiment que c’était une éternité. J’ai eu si peur.
La vie, la mort, deux compagnes de route qui ne me quittent guère depuis mes 20 ans. Combien de fois la mort n’a-t-elle pas voulu aller jusqu’au bout de son travail ? 1, 2, 3, 4 …
Aujourd’hui j’ai 60 ans et je profite de chaque instant, car je ne devrai pas être là à vous raconter cette histoire.
Le destin s’est chargé de me ballotter sans ménagement. On dit qu’on choisit son karma, je ne devais pas être dans mon état normal lorsque j’ai choisi le mien, c’était vraiment une idée à la con.
Point n’est besoin d’en rajouter, la réalité dépasse toutes les fictions. Pas de langue de bois, lorsqu’on débute un récit comme le mien on se doit de dire la vérité, toute la vérité.
J’ai vécu, j’ai souffert souvent, je me suis trompée quelquefois, mais j’ai aimé…
Alfred de Musset
1
Mon enfance
1961
À LA UNE
Le 12 avril : Premier vol orbital de l’homme dans l’espace.
Le 17 avril : débarquement de la baie des cochons (Cuba).
Le 13 mai : Décès de Gary Cooper
Le 12 août : Début de la construction du mur de Berlin.
Le 31 août : Naissance de Lady Diana.
Le 1er septembre : reprise des essais nucléaires soviétique.
Musique
Retiens la nuit de Johnny Halliday
Daniella des Chaussettes noires
Je ne regrette rien d’Edith Piaf
Cinéma
Les 7 mercenaires de John Sturges
Rocco et ses frères de Luchino Visconti
Nous sommes en octobre, il fait frais et ma mère est à l’hôpital depuis un mois pour une double lésion pulmonaire (Tuberculose). Ma naissance s’est donc placée sous haute surveillance et si l’accouchement à l’hôpital de Lariboisière à Paris Xème s’est bien passé, on m’a retiré immédiatement à ma maman pour me protéger d’une éventuelle contagion. Pendant trois mois, mes parents ne me visiteront qu’à travers la vitre d’une couveuse de l’hôpital d’Antony en région parisienne. Dois-je dire que ce fut un début difficile pour nos relations. J’adore mes parents, mais ils n’étaient pas faits pour les responsabilités. Ils avaient le mal de notre société, l’individualisme et étaient plus préoccupés d’eux-mêmes que de moi. Ça c’est dit !
Pourtant ils m’aimaient, sans savoir comment affronter le quotidien. Les pleurs, les cris, les couches, la vie quoi !
Donc après 3 mois d’hôpital, j’arrive à la maison. Force est de constater que je n’ai jamais senti l’odeur de ma mère ni entendu la voix de mon père ni toutes ces complicités postnatales qui forment les liens familiaux pour la vie. Les choses se compliquent et Maman retourne chez sa mère pour se plaindre qu’elle ne s’est pas comment faire avec moi…
Le post-partum a frappé et ma grand-mère va soulager sa fille et me prendre chez elle. Maman n’est plus malade, mais est encore trop fatiguée pour reprendre le dessus. Or les choses qui devaient être transitoires dureront jusqu'à mes six ans et mon entrée timide en CP. Ha ! l’école…